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domenica 8 novembre 2015

Algérie : faits et évènements marquants de 2014-2015, Essai récapitulatif

emeute.jpgS’il advient parfois que des faits ou évènements posent problème, il en existe aussi qui constituent par eux-mêmes de graves problèmes appelant à des solutions urgentes.
De tels faits et évènements, il s’en est beaucoup produit chez nous durant 2014 et 2015. Troubles, manifestations, marches de protestation, pics de tension, et incidents aussi soudains que graves, survenus sur fond d’une sérieuse crise économique, ont émaillé le cours de l’actualité nationale.
A maintes reprises, on eut le sentiment que la boussole et le gouvernail du grand navire «Algérie», pris dans une mer houleuse, s’étaient subitement déréglés rendant son pilotage particulièrement difficile et aléatoire. De ces faits et évènements qui ne sont évidemment ni anodins ni banals, nous ne sommes, en tant que citoyens, que des témoins incapables, bien malgré nous, d’influer sur eux. Mais parce que nous en percevons immédiatement l’importance, le sens et la portée, nous réagissons, à notre manière, en prenant scrupuleusement note et, après avoir éliminé ce qui d’évidence est conjoncturel, éphémère ou fortuit, nous essayons d’acter ceux qui vont probablement structurer le cours des choses. Il n’est pas impossible, en effet, qu’on retrouve plus tard certains d’entre eux inscrits dans le grand livre de l’histoire. Ces faits et événements sont divers et variés, et de ce fait difficiles à répertorier de façon hiérarchisée. Cependant, pour la clarté de cet exposé récapitulatif, on les a classés en paragraphes auxquels on a donné un intitulé qui en résume le contenu.
L’affaire du M’zab : ce qu’elle a révélé
Le M’zab s’est plus d’une fois enflammé entre 2014 et 2015. Il y a eu des morts, des blessés, et des saccages de biens. On a pu être, grâce aux TIC, largement utilisés en Algérie, les témoins choqués, de mouvements de foules semblables à des pogroms, suivis de charges policières soutenues par des militaires de la gendarmerie. De hautes personnalités de l’Etat ont dû se rendre sur les lieux pour la énième fois, afin de tenter de calmer la situation. Le fait est que la médiation par les autorités locales n’a pas fonctionné. Ni les députés de la wilaya, toutes obédiences politiques confondues, ni les présidents d’APC, ni les conseillers municipaux des communes concernées, ni les élus de l’APW de Ghardaïa et moins encore les représentants locaux des partis politiques – de la majorité comme de l’opposition, ni du reste la société civile réduite dans cette région à une poignée de vieux religieux et d’anciens chefs de clans, ne sont allés au-devant des manifestants et protestataires pour écouter leurs doléances, parlementer avec eux et tenter de ramener le calme. Une question se pose : s’ils avaient tenté de le faire, que leur serait-il arrivé ? Je ne le sais pas. Par contre, je sais que la défaillance et la carence des élus nationaux et locaux ont encore une fois éclaté au grand jour, montrant d’une manière évidente la faiblesse de la représentativité de nos «élus» tant nationaux que locaux en même temps que le grave déficit démocratique dont souffrent nos assemblées «élues».
Au M’zab comme ailleurs, un dangereux fossé s’est creusé entre les élus et les électeurs, entre les citoyens et les autorités. Quand qu’il n’y a pas de dialogue entre l’Etat et ses citoyens, la porte est grande ouverte aux conflits et aux confrontations.

Quand le secrétaire général du FLN passe aux aveux

En haut lieu, on commence à se rendre compte de cette dangereuse réalité, longtemps dissimulée, puisque le secrétaire général du FLN a récemment déclaré, devant les cadres et militants de son parti réunis à Annaba et à Oran, que, selon la presse, l’époque des fraudes électorales, des quotas et de la chkara était désormais révolue ! Quelques jours plus tard, le ministre de la Justice intervenait à son tour en brandissant la menace des poursuites pénales avec à la clef des condamnations sévères contre quiconque à l’avenir frauderait ou tenterait de frauder aux élections. Que Dieu soit loué ! Nous allons peut-être, un jour, assister à des élections réellement saines et honnêtes et mesurer le poids électoral des partis politiques et de ceux qui aspirent à nous gouverner. Le frère Si Amar, bien qu’il soit depuis longtemps brocardé pour avoir été, à une certaine période de sa vie, «cantor atque saltator», comme a écrit Suétone à propos de l’empereur Caligula, est un homme puissant et influent. Aussi, peu nous importe son ancien métier. Un dicton n’affirme-t-il pas qu’«il n’y a pas de sot métier». D’ailleurs, Ronald Reagan a d’abord été «un acteur de cinéma de second plan, fade et piètre comédien», dit Wikipedia, avant d’accéder à la haute charge de président des Etats-Unis.
Récemment encore, la presse internationale a rapporté que les électeurs d’un pays dont je n’ai pas retenu le nom ont choisi de voter pour un humoriste-comique de préférence à son concurrent, un politicien réputé chevronné. Il arrive donc que la démocratie grimace parfois. Pour nous, ce qui importe c’est que le secrétaire général du FLN a publiquement reconnu que toutes les élections antérieures, qu’elles fussent nationales ou locales, étaient entachées de fraudes, de falsifications et de corruption ! Cela est très courageux de la part de ce chef de parti qui est toujours proche du pouvoir au point de se confondre avec lui, sauf peut-être durant une courte période qu’on situe entre 1991 et 1992. Dans le Saint Coran, il est dit au verset 26 du chapitre 12 de Joseph : «Wa chahada chahidoun min ahliha…» Le témoignage du frère Si Amar fait donc foi, ès qualités de membre influent du système. Mais ce faisant, l’intéressé a du même coup discrédité publiquement et délégitimé officiellement tous les élus, y compris ceux de son parti ! Cela par contre n’est pas sans risque pour tous les élus actuels et, par ricochet, pour lui-même.
On retiendra également – car il faut rendre à César ce qui appartient à César — que le frère Si Amar a, en moins de trois ans, complètement réformé et même radicalement transformé ce vieux parti politique, tant au plan humain que structurel et idéologique, tout en l’arrimant au pouvoir, de la manière la plus serrée que possible. C’est quasiment au retour du parti unique que l’on assiste, avec cependant l’annonce que les prochains scrutins seront démocratiques, sincères et honnêtes, ce qui, il faut bien l’admettre, est assez paradoxal ! A moins qu’il ne s’agisse là que d’une façon habile, subtile et douce de faire croire que les choses vont changer alors qu’on ne touche pas à l’essentiel. Ce qui n’est pas sans rappeler la profonde réplique du roman (1958) intitulé Le guépard de Tomasini de Lampedusa, adapté au cinéma (1963) par Visconti : «Si on veut que tout reste tel quel, il faut tout changer.» D’où l’accueil plutôt réservé, voire dubitatif ou carrément suspicieux fait aux affirmations du frère Si Amar par les partis de l’opposition et certaines personnalités et autres observateurs politiques. Coïncidence notable, le président de la République a promis dans ses derniers vœux adressés à la nation à l’occasion de la commémoration du 1er Novembre, qu’à l’avenir tous les scrutins seront démocratiques, propres et honnêtes. De ce point de vue, on peut affirmer que le frère Si Amar est parvenu à éclipser la plupart de ses illustres prédécesseurs.
Il faut dépassionner l’affaire du M’zab
L’autre fait révélé par les évènements du M’zab, c’est que, contrairement à la vulgate officielle, les confrontations qui ont eu lieu cette année avaient un caractère communautaire prononcé. Le nier, c’est pratiquer la politique de l’autruche, c’est-à-dire cacher la réalité et la vérité, pour fuir ses responsabilités. Très nettement en effet, les confrontations ont opposé deux groupes humains différents par leur origine ethnique, leurs langues vernaculaires respectives, et le madhab adopté et observé par les individus formant ces deux groupes. Nul ne peut nier que les Chaâmba sont d’origine arabe et de madhab malékite, tandis que les Mozabites sont d’origine berbère et de madhab ibadite. Ceci rappelé, il importe de souligner : primo que les Mozabites et les Chaâmba sont de nationalité algérienne ; secundo, qu’ils sont les uns et les autres arabophones, étant observé que les Mozabites parlent aussi une variété de tamazight ; tertio, qu’ils sont tous de religion musulmane et quarto que ces deux communautés vivent sur un même territoire, celui de la vallée du M’zab. Ce qui unit les Mozabites et les Chaâmba est donc à l’évidence plus significatif et plus fort que ce qui les différencie. C’est cela la réalité qu’aucun gherbal politique ou idéologique ne peut dissimuler. Si l’expression «communauté mozabite» et le mot «communauté» continuent cependant de déranger ou gêner certains, utilisons alors pour désigner nos compatriotes de cette région le terme mozabite. Ne dit-on pas, couramment du reste : les Kabyles, les Chouia, les Touareg ? Si cela déplaît encore, faisons précéder ces termes par celui d’Algériens et disons : les Algériens mozabites, les Algériens kabyles, les Algériens chaouia, les Algériens touareg. Une telle formulation a le double mérite de souligner ce qui fait de nous une nation une et indivisible, et de relativiser ce qui est susceptible de nous différencier ethniquement ou linguistiquement.
Enfin, regardons autour de nous et au-delà dans le monde tout entier, et posons- nous cette question : y a-t-il un seul Etat africain, un seul Etat arabe, un seul Etat musulman, un seul Etat dans tout l’univers, dont la population nationale appartient à une seule ethnie, où tous les individus sont de la même race et issus d’une unique tribu, où tous ne parlent qu’une seule et même langue vernaculaire, où tout le monde a les mêmes traditions et les mêmes coutumes ? Que celui qui trouve un Etat avec une population aussi «eugénique» et «pure» veuille bien nous le signaler ! On est curieux de voir un peuple entièrement et uniquement formé de clones !
Explication des troubles du M’zab et possibilités de solution
Mais alors comment expliquer les crises qui secouent sporadiquement le M’zab ? 
A mon avis, l’instabilité du M’zab a trois causes ; l’une est ancienne, les deux autres sont nouvelles. La première est d’ordre économique : la vallée du M’zab est un territoire étroit et déshérité du point de vue des ressources naturelles. Quelque effort d’investissement que l’on y fasse, on se heurtera toujours aux contraintes physiques et climatiques propres à cette région saharienne : les terres arables et les cultures sont limitées, la pluviométrie très faible, les réserves d’eau insignifiantes et les températures élevées en été et glaciales en hiver du moins durant la nuit. La seconde est d’ordre démographique. La densité de la population vivant au M’zab est forte. D’où le fait que le M’zab est une terre d’émigration, pas d’immigration. Bien que je ne dispose d’aucune statistique démographique relative à cette région, je pense ne pas être loin de la réalité en disant qu’il y a au moins 20 à 25% de Mozabites vivant hors du M’zab, dans les villes du nord et des Hauts-Plateaux du pays. En clair, il n’y a pas au M’zab assez de place pour tout le monde. On ne peut donc fixer la population mozabite chez elle que par la création de nouvelles agglomérations urbaines et zones d’activités agricoles et industrielles, situées dans les environs des principaux centres urbains de la vallée. Autrement dit, il faut vite penser et mettre en œuvre un plan d’aménagement du territoire spécifique à cette région. Cette mission relève, tout le monde le comprend aisément, de la compétence de l’Etat et de sa responsabilité.
La troisième cause de la tension sourde et latente dans laquelle vit cette région est d’ordre religieux. Ce n’est un secret pour personne, que le wahhabisme et le salafisme sont en progression constante en Algérie où ils se cherchent partout des ennemis à convertir et à défaut à exterminer. Dans le sud, ils ont trouvé leur ennemi idéal, en l’occurrence le madhab ibadite ! Or, si le salafisme est récent chez nous, le rite ibadite est par contre très ancien. La présence ibadite en Algérie remonte au moins à 12 siècles et de mémoire d’Algérien, l’Algérie n’a pas connu de guerre de religion entre musulmans ni au M’zab ni dans aucune autre région du pays.
Les ibadites n’ont jamais, que je sache, voulu convertir les malékites à leur rite et inversement. Mais aujourd’hui, une sorte de guerre civile et religieuse à la fois est à nos portes, car certains irresponsables, au lieu de rappeler aux fidèles la parole de Dieu qui est toute empreinte de tolérance, de sagesse et de pondération et d’essayer de répandre au sein des populations l’enseignement du Prophète (AAWSS), passent leur temps à diviser les Algériens, en vociférant dans les mosquées, en lançant des anathèmes, et en incitant les croyants à s’étriper les uns les autres.
Ces individus au comportement si étrange sont convaincus d’être investis d’une mission divine qui consisterait à faire passer de vie à trépas le plus de compatriotes possible. Là aussi, il est clair qu’il ne dépend que de l’Etat pour que cesse cette grave dérive religieuse qui empoisonne la vie des Algériens, au M’zab comme dans le reste du pays.
Les troubles d’In Salah. Pouvait-on les éviter ?
La ville d’In Salah et ses environs immédiats ont connu pendant quelques semaines une certaine effervescence, une partie de la population ayant exprimé son opposition au projet caressé par le pouvoir de lancer – crise économique oblige — le forage et l’exploitation du gaz de schiste, dans cette région précisément. Or, en Algérie, on a, semble-t-il, pris l’habitude de ne pas solliciter l’avis du citoyen pour les affaires qui le concernent et le touchent directement. Se prétendant omnisciente, omnipotente et seule gardienne de l’intérêt général, l’administration ne veut ni dialoguer ni débattre avec les citoyens. Elle cherche à imposer son point de vue et à décider de tout, unilatéralement. Les populations devront obéir, et s’il y a des récalcitrants, ils seront contraints à se soumettre, à coups de matraque. Notons au passage que lorsqu’un simple citoyen désire ouvrir un commerce ou une quelconque unité de service ou de production, l’administration soumet la réalisation de son projet à une enquête «de commodo et incommodo» qui a pour objet de vérifier si ledit projet ne comporte ni danger intrinsèque ni nuisance pour le voisinage. Par contre l’administration se dispense de cette enquête, quand elle initie un projet alors qu’elle a pleinement conscience de sa dangerosité pour l’homme et de ses nuisances pour le milieu ambiant ! A l’occasion du projet de gaz de schiste d’In Salah, les Algériens se sont une fois de plus mis à s’invectiver, se divisant en deux camps farouches, les pro et les anti-gaz de schiste. D’où des sit-in, des marches, des banderoles, des interventions virulentes dans la presse, du désordre et des troubles, des déplacements de responsables centraux de haut niveau à In Salah et l’envoi, sur les lieux, de renforts en policiers et en gendarmes. Or, la région d’In Salah, ce n’est un secret pour personne, est très sensible : nos frontières avec la Libye et le Mali restent poreuses, puisque des personnes suspectes ainsi que des armes dangereuses et des munitions y sont souvent interceptées par l’ANP et la gendarmerie. La contrebande et le trafic de stupéfiants y sont également florissants si l’on en croit la presse. Dans ces conditions, il est à craindre que le moindre incident échappant au contrôle ne risque d’être l’étincelle qui provoquera le grand incendie redouté. En tout état de cause, on aurait pu éviter toute l’agitation brouillonne qui a saisi durant plusieurs semaines In Salah, paisible localité de l’extrême Sud, si au niveau central, on s’était donné la peine et pris le temps d’informer la population locale de ce que l’on projetait de faire, d’expliquer les avantages financiers, économiques et sociaux attendus de ce projet industriel, d’exposer les mesures de prévention des risques prévues pour la protection de la santé des habitants et pour la sécurité des personnes, et enfin annoncer ce qui sera réalisé pour la préservation de l’environnement. Malheureusement, ce genre de démarches ne semble pas encore faire partie de la culture de nos politiciens et de nos administrateurs. Dans le cas de l’espèce, il est clair que l’information et la communication en direction des «populations indigènes» ne figurent pas non plus dans la feuille de route des cadres gestionnaires en charge de la réalisation de projets économiques et industriels lourds. A In Salah, ces cadres s’apprêtaient à débarquer sur le site, en compagnie probablement d’ingénieurs et de techniciens étrangers, pour mettre en marche leurs machines, leurs foreuses, pompes et pipelines, et pour le reste du temps, s’enfermer dans une «base-vie» entourée de barbelés. Peut-être pensaient-ils, après-coup, faire un peu de social en recrutant sur place quelques agents de service, des femmes de ménage et des hommes de peine ! Le reste de la main-d’œuvre spécialisée, ils continueront comme d’habitude à la faire venir du nord du pays.
La grande marche des policiers
2015 a également vu se produire quelque chose d’inouï : une grande marche de protestation des policiers. Ceux-ci étaient, semble-t-il, plus d’une centaine en uniforme mais fort heureusement sans armes, à marcher en rangs serrés, de leur caserne du Hamiz vers la capitale. Le ciel ce jour-là était gris, bas et pluvieux : un triste temps de circonstance ! Les Algérois, qui vaquaient ce matin-là à leurs occupations, écarquillaient leurs yeux surpris par la présence, aussi massive et résolue, de policiers en tenue, en train de manifester. C’est le monde à l’envers ! L’évènement est en effet sans précédent connu dans l’histoire de notre pays. Il n’avait surtout rien de rassurant. Les policiers ont effectué un court sit-in devant le Palais du gouvernement, où se trouvent les sièges de deux institutions importantes, en l’occurrence le Premier ministère et le ministère de l’Intérieur.
Ils ont demandé, semble-t-il, à rencontrer un membre du gouvernement puis, leur requête ayant été ignorée, ils ont décidé de se rendre à la présidence de la République, dans le quartier d’El-Mouradia.
Un solide cordon de soldats lourdement armés et déployé pour protéger la Présidence les y attendait. Là, le pire pouvait se produire à tout instant, n’était cependant la patience, la sagesse et le pouvoir de persuasion dont ont alors fait montre certains membres de l’encadrement de la police nationale. Après quelques heures d’une incroyable tension, tout est paisiblement rentré dans l’ordre. Mais une image restera dans l’esprit des gens.
En effet, beaucoup n’oublieront jamais le face-à-face qui a eu lieu ce jour-là, à Alger, entre l’Etat et sa police. On a attribué à l’écrivain russe F. Dostoïevski cette réflexion qui me paraît tout à fait pertinente et que je cite de mémoire : «Un pouvoir, qui s’appuie de façon excessive sur sa police, risque un jour par lui rendre des comptes.» Mais à ce propos : que sont devenus les instigateurs et éventuellement les commanditaires de cette incroyable aventure ? Et comment est-il possible que des colonnes de policiers marchent sur la capitale et parcourent des kilomètres, sans être stoppés avant d’atteindre la rampe Tafourah ? Qui ne se souvient de la marche des arouch qui ont été stoppés et dispersés entre la rampe Tafourah et l’avenue de l’ALN !
Les marches des gardes communaux
On a eu également en 2014 et 2015, à Alger ou dans d’autres villes, plusieurs manifestations de gardes communaux. Bien que moins menaçantes pour l’ordre public et les institutions, elles ne sont pas moins significatives du trouble moral de cette catégorie d’agents de sécurité qui ont participé à la lutte contre le terrorisme et contribué au rétablissement de la paix dans notre pays. Il eut été inconvenant, dans cette contribution, de passer sous silence leurs protestations et ses motivations profondes. On ne peut pas oublier le rôle important joué par les gardes communaux dans la lutte contre le terrorisme, en appui aux forces de l’ANP. On a gratuitement provoqué leur colère et leur dépit, en laissant se pavaner, sous les objectifs des caméras de télévision, les anciens terroristes qu’ils ont combattus. Il est incompréhensible pour les gardes communaux et beaucoup d’autres citoyens qu’un ancien émir qui a publiquement reconnu avoir commis un homicide volontaire sur un jeune militaire ait été reçu, fut-ce seulement en tant que repenti, à la présidence de la République et filmé dans un bureau cossu, sous les ors et les lambris de la République. On se souvient encore d’Ali Benhadj vêtu d’un treillis militaire, reçu par le chef de l’état-major de l’ANP, il y a quelques années : on sait comment les évènements avaient ensuite évolué. Le récent remake de cette improbable entrevue, avec comme protagonistes cette fois-ci l’ex-émir de l’AIS et le directeur de cabinet du président de la République, est une nouvelle erreur d’appréciation de la situation ou peut-être une faute politique. Les déclarations très hostiles récemment faites par cet ex-émir de l’ex-AIS le prouvent amplement, même si l’intéressé, se rendant compte de la gravité de ses propos, a décidé de lui-même ou sur une pressante intervention de ses amis ou conseillers de faire amende honorable.
L’affaire du DRS, ses développements et retombées
2015 restera aussi, quoiqu’il advienne par la suite, l’année où le service de sécurité le plus puissant, le plus secret et le plus redouté de l’Algérie, en l’occurrence le DRS, a vu son organisation générale et ses ramifications, dans les structures de l’Etat et dans la société, étalées au grand jour puis profondément chamboulées par une série de mesures d’autorité comme les suppressions de services, les transferts de tutelle, les mutations et les mises à la retraite d’officiers occupant des fonctions importantes. En vérité, c’était comme si un puissant cyclone tropical avait subitement traversé et ravagé ce département du MDN qui a toujours dépendu, selon un témoin de première main totalement fiable, en l’occurrence un ancien ministre de la Défense et ancien membre du Haut-Conseil d’Etat, plus de la présidence de la République que du ministère de la Défense nationale. De plus, on a vu plusieurs généraux et autant de colonels du DRS puis dans la foulée d’autres officiers de divers corps tomber telles des quilles du jeu du même nom. Deux fortes impressions nous restent après coup : la première est que ce département disposait d’un nombre pléthorique d’officiers généraux et d’officiers supérieurs. J’ignore à combien peut s’élever l’effectif, même théorique, des généraux et des colonels en fonction dans un «corps d’armée», une «brigade» ou une «division» en opération, mais je trouve particulièrement élevé celui du DRS. La seconde est que les activités de renseignement et les actions du DRS étaient pour l’essentiel axées et orientées «vers le péril intérieur», la délinquance économique et la lutte contre la corruption, alors que la plupart de ces compétences auraient dû être utilement confiées aux services de sécurité civils. Dans la plupart des pays en effet, on prend soin de séparer, disons pour faire simple, les missions de sécurité intérieure et les missions de sécurité extérieure. Elles sont confiées à des services distincts et séparés, les uns relevant de l’armée, les autres de l’autorité civile, et c’est de bonne guerre. Comme dit la sagesse populaire, il n’est jamais bon de mettre tous les œufs dans un même panier. Mais cela n’empêche pas des services distincts et séparés de coopérer entre eux et de coordonner leurs actions. C’est ainsi en tout cas que cela se passe dans les Etats démocratiques. Mais la surprise provoquée par le profond chamboulement opéré au DRS s’est muée carrément en une profonde gêne, quand furent rendues publiques les arrestations de deux généraux, puis les décisions mettant fin aux fonctions de deux autres généraux pour des raisons liées, semble-t-il, à ce qu’il est convenu d’appeler l’incident de la résidence de Zéralda, et enfin le grand mouvement qui a touché les responsables et les magistrats de la justice militaire. Ce mouvement était intervenu alors qu’un général-major venait d’être présenté à un tribunal militaire, que la constitution du bâtonnier des avocats d’Alger pour assurer la défense de ce général avait été rejetée par ce tribunal pour des raisons restées inconnues, qu’un autre avocat se récusait parce que le bâtonnier avait été interdit de représenter le général arrêté et placé en détention provisoire, qu’ un troisième avocat agréé par le tribunal protestait contre les irrégularités qui, à ses yeux, entachaient la procédure et qu’enfin, un lieutenant de la Garde républicaine ou peut-être présidentielle, qui était de faction à la résidence de Zéralda, était condamné à trois années d’emprisonnement pour avoir tiré une rafale de kalachnikov pendant son service à la résidence. Il se peut que toutes ces coïncidences soient simplement fortuites, il se peut aussi qu’elles ne le soient pas et que les faits soient liés entre eux par un lien de cause à effet. Un jour peut-être, on sera fixé.
La justice, les crimes économiques et les affaires de corruption
On retiendra de l’année 2015, qu’elle fut celle au cours de laquelle la justice a évacué, selon ce mot du jargon judiciaire, ô combien évocateur, trois affaires économiques et de corruption, particulièrement emblématiques du degré de pourrissement moral atteint par la sphère économique et financière du pays ces dix à quinze années écoulées. Il s’agit des affaires Khalifa, Sonatrach et autoroute Est-Ouest. Les tribunaux ont siégé pendant plusieurs jours et ont rendu des verdicts. Pour autant, peut-on affirmer que justice a été rendue ? Peut-on dire que tous les criminels ont été poursuivis et condamnés ? Que les peines prononcées sont méritées et proportionnées aux crimes commis ? On peut discuter longtemps sur ces thèmes, car à ces questions foncièrement subjectives, on ne peut donner que des réponses subjectives. La question que l’on devrait par contre se poser est la suivante : les sanctions prononcées dans les trois affaires ci-dessus citées vont-elles faire diminuer les détournements de fonds publics et la corruption ? Car la condamnation pénale n’a pas qu’une fonction «rétributive», comme disent les criminologues et les pénalistes, c’est-à-dire une fonction seulement «punitive» (on punit l’auteur d’un mal, en lui infligeant un mal). Elle a aussi une fonction «dissuasive» ou d’intimidation. Les criminologues et les juristes pensent que les condamnations pénales prononcées doivent, en même temps qu’elles punissent les coupables, être des avertissements et des mises en garde, pour tous ceux qui seraient tentés de commettre des infractions. En somme, la répression individuelle des crimes et délits est en principe un moyen de prévention générale de la délinquance. J’ajouterais pour clore ce chapitre consacré aux affaires économique et de corruption jugées en 2015, qu’un ancien ministre qui avait la tutelle de Sonatrach est toujours en cavale, comme un vulgaire bandit. Curieusement, il n’est pas, croit-on savoir, poursuivi par la justice algérienne. Mais il est l’objet de poursuites pénales, en même temps qu’un «golden boy» d’origine algérienne, dans un dossier de corruption ouvert par la justice milanaise. Cette affaire sera jugée, dit-on, vers la fin de cette année.
ConclusionLe cours de l’actualité de 2014-2015 est donc jalonné de faits et évènements qui d’emblée se posent en points de repère incontournables, en balises évidentes. C’est le rôle du chroniqueur et de l’observateur de les noter à chaud, dès qu’ils surviennent, de les répertorier scrupuleusement pour en permettre un examen ultérieur approfondi et une analyse objective par d’autres personnes, notamment par les historiens. C’est bien en effet lorsque des faits importants et évènements cruciaux surviennent que se réalisent des ruptures radicales, que se produisent des mutations profondes, qu’apparaissent des tendances nouvelles et que s’ouvrent d’autres perspectives. Il est par ailleurs, de la plus haute importance, quand au terme d’un long et difficile parcours, on arrive à un carrefour dépourvu de signalisation fiable, de savoir dans quelle voie il est préférable de s’engager, afin de s’éviter un surplus de peines et de déceptions : cela vaut pour les peuples comme pour les individus.
Z. S.
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